Ollivier Bernard (w2339)

Ollivier Bernard (w2339)

  • Alias-Pseudonimo-Pseudonyme: -
  • Nationality-Nazionalità-Nationalité: France, Francia
  • Birth/death-Nascita/morte-Naissance/mort: -
  • Means of transport-Mezzo di trasporto-Moyen de transport: On foot, A piedi, A pied
  • Geographical description-Riferimento geografico-Référence géographique: Silk Road, Via della seta, Route de la soie
  • Internet: Visit Website
  • Wikidata: Visit Website
  • Additional references-Riferimenti complementari-Références complémentaires: Longue marche : à pied de la Méditerranée jusqu'en Chine par la route de la soie, Phébus

A 50 ans, la vie du Français Bernard Ollivier a viré au cauchemar. Mais il a rebondi en réalisant un double exploit: parcourir seul et à pied la Route de la soie et, dans la foulée, fonder une association dédiée à la réinsertion par la marche des adolescents en difficulté.

Dans sa demeure nichée dans la campagne normande, Bernard Ollivier est penché sur une pile de cartes routières. A 76 ans, il prépare son prochain voyage: la partie européenne de la Route de la soie. Le dernier tronçon d'un trajet mythique qu'il sillonne à pied à raison de quatre mois par année depuis 1999. La marche a radicalement changé le cours du destin de cet ancien journaliste. Et son histoire passionne des centaines de milliers de lecteurs fidèles qui suivent le récit de ses aventures à travers les livres qu'il publie à l'issue de chaque périple.

Il évoque les événements qui ont déclenché sa reconversion avec une pointe de tristesse au fond des yeux. Il a le regard d'un homme qui a vécu le pire et en est revenu...

«Ma femme est décédée le jour de mon 51e anniversaire. En six semaines, j'ai perdu ma mère, ma femme et mon emploi. Mes enfants m'ont donné le courage de continuer. J'ai recommencé à faire des piges pour différents médias. Et puis un jour, j'ai reçu le coup de grâce: une lettre de la Sécurité sociale m'apprenait que l'âge de la retraite avait sonné pour moi. C'est là qu'a commencé la dépression. Je n'avais plus de repère. Je me suis recroquevillé. J'ai même pensé au suicide...»

Le salut par la route

Le temps passe, et le nouveau retraité décide de... marcher. En 1998, l'année de son soixantième anniversaire, il prend seul le chemin de Compostelle. En trois mois, il parcourt 2300 kilomètres sur une route jalonnée de rencontres et de découvertes. Une renaissance. Il savoure le plaisir de la marche longue, sent son corps retrouver sa vigueur et sa souplesse. Il apprend un jour que deux adolescents délinquants belges et leur accompagnateur le précèdent sur la route de Saint-Jacques. Il n'arrivera jamais à croiser le trio, mais la démarche l'interpelle et cet exemple ne quittera plus ses pensées.

Le 3 juillet 1998, quand Bernard Ollivier parvient sur le parvis de la cathédrale de Santiago, il n'est plus le même homme. «J'avais compris qu'à la retraite, tout est possible. En marchant, j'avais fait la paix avec moi-même. Je n'avais pas envie que cela s'arrête. Et j'ai pensé à la Route de la soie. J'avais l'impression d'avoir retrouvé ma jeunesse, et ce parcours de 12 000 kilomètres m'attirait...»

La mythique Route de la soie est un réseau de routes commerciales et d'axes caravaniers datant du IIe siècle avant J.-C. Elle reliait la ville de Xi’an, en Chine, à Istanbul, et devait son nom à la plus précieuse des marchandises qui y étaient transportées: la soie. Durant plusieurs siècles, seuls les Chinois connaissaient le secret de sa fabrication. La route a connu son déclin au XVe siècle, alors que les Européens découvraient à leur tour l'art de réaliser la précieuse fibre.

Pour Bernard Ollivier, la suite est un véritable roman. Un éditeur à qui il parle de son projet, lui fait confiance et signe un contrat. Chaque tranche de son voyage durera quatre mois couvrant à chaque fois 3000 kilomètres. Et à chaque retour, il sortira un livre. Il prépare son premier itinéraire en se plongeant dans les cartes routières et les ouvrages qu'il peut trouver. Il sait que la violence secoue le monde un peu partout, avoue avoir été inquiet, mais sans pour autant remettre son entreprise en question. Les étapes sont établies, la fin de la précédente marquant le début de la suivante: d'Istanbul (Turquie) à Téhéran (Iran), l'année d’après jusqu'à Samarcande (Ouzbékistan), puis à Turfan (Sinkiang chinois), pour arriver enfin à Xi'an (Chine).

Pour le pire et le meilleur

«J'ai découvert partout des gens qui vivaient avec très peu. J'ai appris à relativiser. Ce que j'ai vu et vécu a changé ma vision des choses. J'ai rencontré des voleurs, des gens parfois violents, j'ai subi quelques attaques de chiens tueurs qui défendent les troupeaux. J'ai échappé à des accidents, à des morsures de scorpions, de serpents. De mon premier voyage, je suis revenu vivant par miracle. J'ai été terrassé par une maladie violente, une dysenterie amibienne, et il a fallu me rapatrier d'urgence. Ce qui ne m'a pas empêché de repartir!»

Ses livres se vendent à 400 000 exemplaires et sont traduits en plusieurs langues. Mais la véritable fierté de Bernard Ollivier est la création de son association Seuil. Convaincu des bienfaits de la réinsertion par la marche, il se bat pendant des années pour que cette opportunité soit offerte aux jeunes en danger et à des adolescents délinquants. «Seuil Normandie a été créé en 2000 et Seuil Paris en 2003. Mais ce n'est que depuis deux ans que le projet est réellement accepté par les autorités. Nous avons l'autorisation officielle d'emmener 23 jeunes par an en voyage. Un jeune et un accompagnateur à chaque fois, pour un périple d'environ 1800 kilomètres, dans les pays périphériques de la France. Tous nous sont confiés par un juge. Ils ont été abandonnés pour certains, ont subi la violence, sont déscolarisés, sont parfois délinquants, incapables de faire des choix. La marche leur redonne un but.»

Aujourd'hui, Bernard souhaite développer d'autres antennes de Seuil en France et à l'étranger. Parallèlement, il reprendra la route en septembre, de Vérone à Istanbul. Mais cette fois, il ne marchera pas seul. Remarié, il partagera l'aventure avec son épouse Bénédicte. Et toujours le même credo: «Ce qui m'intéresse dans la marche... ce sont les gens.»    

Martine Bernier

https://www.generations-plus.ch/?q=magazine/actualit%C3%A9s/soci%C3%A9t%C3%A9/bernard-ollivier-le-marcheur-de-tous-les-possibles